Le lycée professionnel, un choix gagnant


France Info - mercredi 25 septembre 2013


L'actualité est marquée aujourd'hui par la Journée du refus de l'échec scolaire, dont France Info est partenaire. Elle est consacrée cette année au lycée professionnel. On a vu ce mercredi matin qu'il était devenu une voie désirable. Alors on passe aux travaux pratiques : quelles sont les questions à se poser avant de choisir cette voie...


Le lycée professionnel Michel-Servet à Lille forme notamment de futurs chefs © Maxppp
La première : pas besoin de la souffler aux jeunes qui souvent sont en décalage avec le côté scolaire du collège c'est : est-ce que vous avez envie d'apprendre autrement et notamment d'apprendre sur le terrain.
C'est très différent du collège, et du lycée général...
Oui. On retrouve des matières générales comme les maths, le français et l'anglais. Mais à la différence de la classe de troisième, les disciplines techniques et pratiques en atelier occupent une grande place dans votre emploi du temps. L'autre grand changement concerne vos premiers pas dans le monde de l'entreprise. Selon les spécialités, vous devrez suivre de 12 à 16 semaines de stages en CAP réparties sur les 2 années, et entre 16 à 18 semaines en bac pro sur 3 ans...
On sort des murs, on apprend autrement...
Oui. Et  pas seulement hors des murs d'ailleurs. Mais entre les murs, on apprend autrement. Pédagogie qui tente de mettre en situation réelle. Là où il ne faut pas se tromper notamment quand on n'aime pas le collège ou quand on a des enfants qui n'aiment pas collège c'est sur les raisons de ce désamour. S'il est lié à un problème de rapport à l'autorité, ça ne va pas s'arranger : l'autorité du patron est parfois plus rugueuse que celle de l'enseignant, en tout cas elle ne se discute pas, ne se conteste pas. Surtout dans certaines spécialités. Je cite Flavien interrogé par letudiant.fr, il est en bac pro restauration : "Le rythme en entreprise est presque militaire, mais j'aime ça. En plus, il y a une vraie solidarité dans l'équipe. On s'entraide, on gère les soucis de chacun. Surtout, on apprend la réalité de l'entreprise. On se rend compte qu'elle est loin des jeux télévisés culinaires"
Précision utile car il y a beaucoup de demandes dans ce secteur depuis que la cuisine triomphe à la télé
Oui. Il y a des effets de mode. La cuisine en profite à plein en ce moment.
Bac professionnel. On apprend un métier. On trouve un emploi au bout de trois ans ?
Ça dépend des filières mais en moyenne oui.
Parfois plus facilement même que des jeunes plus diplômés. Quand vous choisissez un bac pro rare, il peut même être plus facile de trouver un emploi directement après.
On peut aussi travailler pendant ses études
un tiers des élèves de voie professionnelle préparent leur bac pro en apprentissage, ils sont rémunérés. Pour la première année, le salaire minimum est de 65 % du SMIC. Il passe à 80 % en deuxième année de bac pro et à 85 % en terminale professionnelle. Attention c'est une voie difficile. On travaille plus. Et il faut bien saisir les différences d'attente entre le monde du travail et le lycée.
Côté lycée justement : le cadre d'études est généralement bon.
Oui. Les effectifs sont moins importants. Et surtout les lycées professionnels font partie des grands gagnants des lois de décentralisation de 1984 : la plupart des régions ont vraiment investi dans ces lycées, qui étaient parfois laisés à l'abandon par l'Etat. C'est important à préciser parce que les parents ont parfois une image faussée : ça a vraiment changé par rapport à l'époque où ils étaient eux-mêmes lycéens
Epoque où le bac pro n'existait pas.
Oui. Petit dernier. Créé en 1985.
Et c'est un bac, donc cela signifie qu'on peut faire des études supérieures.
Oui. Prioritairement en BTS. Eventuellement en IUT mais les bacs pros y réussissent moins bien que les bacs techno. La fac, il vaut mieux éviter : le taux de réussite est minime. C'est vraiment un choix à faire uniquement si on est arrivé en bac pro par défaut, avec un très bon niveau dans les matières générales. Sinon on risque la noyade.
Garçons, filles : certaines filières sont très "sexuées"
Oui. Schématiquement les garçons dans l'industrie, les filles dans le social. En commerce c'est assez équilibré. Ça peut faire partie des choses qui déstabilisent. Mais normalement l'établissement prend en charge tout cela et essaie de faire en sorte que les minoritaires ne se sentent pas trop déphasés.
Le lycée professionnel n'est pas la seule voir pour apprendre un métier, il y a aussi les CFA ? les Centres de formation d'apprentis. Il y a de grosses différences ?
Le lycée ressemble plus à un lycée, le CFA tend plus du côté de l'entreprise – en outre, en CFA, on a affaire à un seul employeur alors qu'on fera des stages dans plusieurs entreprises au lycée. Donc si on est sûr à 100% de son métier et qu'on a une énorme envie de travailler, le CFA. Si on veut encore se laisser un petit temps de réflexion et garder un lien plus ténu avec le côté scolaire des études, le lycée pro.
Le sondage de l'Afev, réalisé pour cette journée du refus de l'échec scolaire, montre que la majorité des élèves sont heureux de leur choix. Bonne nouvelle ?
Nouvelle ambiguë. Bonne nouvelle évidemment. Mais il faut aussi faire la part des choses et souligner qu'il entre aussi dans cette appréciation le soulagement d'en avoir fini avec la forme scolaire du collège. Si le collège se réformait un jour, il serait bien inspiré de regarder du côté du lycée pro tout le travail qui est accompli pour aider les élèves à reprendre confiance en eux,  pour les valoriser sur des compétences autres que les strictes compétences scolaires. Le lycée pro a une image d'autant meilleure que le collège a une mauvaise image.